La lipomatose pelvienne est une maladie rare, liée au développement
anormal et excessif du tissu adipeux dans les espaces périvésical
et périrectal. S'il est bien établi qu'il n'existe pas de
caractère histologique de malignité, il n'en demeure pas moins
vrai que l'évolution spontanée de cette maladie peut être
grave du fait de la compression périurétérale et périrectale
qui commande une chirurgie de dérivation.
L'étiologie de cette maladie est inconnue, comme d'ailleurs reste
hésitant son traitement médical.
HISTORIQUE
En 1959, ENGELS présente 5 observations de compression
des organes pelviens par une prolifération adipeuse. Il décrit
les images radiographiques caractéristiques.
En 1968, FOGS et SMITH proposent le terme de lipomatose
pelvienne utilisé actuellement, pour décrire le développement
anormal de tissu adipeux dans les espaces périvésical et périrectal
survenant, pensaient-ils, exclusivement chez l'homme de race noire.
Depuis ces dates, de nombreuses publications (plus de 100) sont venues
confirmer la réalité de cette maladie particulière
mais sa prédominance raciale a disparu. Elle est retrouvée
aux Etats-Unis chez des Blancs et des Noirs, en Afrique du Nord et en Europe.
A ce jour, aucun cas n'a été rapporté en Asie.
Récemment, les descriptions tomodensitométriques ont apporté
un appui diagnostic fondamental.
ANALYSE SYNTHETIQUE DE LA LIPOMATOSE PELVIENNE
D'abord décrite chez les hommes de race noire cette affection
touche, en réalité, toutes les races (bien qu'aucune publication
n'ait été rapportée chez les Asiatiques). Les femmes
sont exceptionnellement touchées (4 cas ont été publiés
jusqu'à présent).
La moyenne d'âge est de 40,9 ans, les extrêmes allant de
9 ans (MOSS) à 80 ans.
LA CLINIQUE
Il n'y a pas de signes cliniques caractéristiques de cette maladie
; seuls des signes indirects témoignent de la prolifération
adipeuse.
1) Les signes urinaires
En règle générale, ils dominent le tableau clinique
(75 % des cas). Il s'agit de :
- cystites à répétition, le plus souvent à
colibacilles
- pollakiurie diurne et nocturne
- mictions impérieuses
- plus rarement de dysurie
- l'hématurie est fréquente, microscopique surtout, parfois
macroscopique, totale ou terminale accompagnant les signes de cystites,
- les douleurs lombaires sont plus rares, présentes dans 20 à
30 % des cas. Il s'agit soit de coliques néphrétiques vraies,
soit de douleurs lombaires sourdes, permanentes, dues à la dilatation
des cavités rénales,
- l'insuffisance rénale est rarement un motif de consultation
mais peut être retrouvée lors du bilan biologique.
2) Les signes digestifs
Ils sont parfois au premier plan (60 %). Il s'agit de :
- constipation opiniâtre pouvant aboutir à une occlusion
basse
- douleurs abdominales
- ballonnements
- hémorroïdes externes ou internes associées à
des rectorragies.
3) Les autres signes révélateurs
Ils sont beaucoup plus rares ; cependant, les phlébites à
répétition ne sont pas exceptionnelles (3 à 5 %).
Ainsi, les signes révélateurs n'ont rien de spécifique.
Ils traduisent l'irritation vésicale et la compression du rectosigmoïde
et des uretères.
4) L'examen clinique
Il peut découvrir deux anomalies révélatrices :
- lors du toucher rectal on découvre une surélévation
du bloc prostato-vésical qui est englobé dans une masse régulière,
molle, s'étendant jusqu'aux parois pelviennes,
- lors de la palpation abdominale, on perçoit une masse sus-pubienne
molle, indolore, soit à la prolifération adipeuse
- quant à la découverte de nodules graisseux sous-cutanés,
elle est exceptionnelle et s'intègre dans le cadre d'une maladie
de DERCUM
- l'état général est bien conservé ; il n'y
a pas d'amaigrissement ni de fièvre. L'obésité, parfois
décrite, est en fait exceptionnelle.
LES EXAMENS PARACLINIQUES
Ils n'ont rien de spécifique et ne peuvent donc pas orienter le
diagnostic.
- Il existe souvent un syndrome inflammatoire avec une vitesse de sédimentation
qui ne dépasse pas 30 à 40 à la 1re heure.
- L'ionogramme sanguin, les examens immunologiques, les test hépatiques
sont tous normaux.
- L'examen des urines, cependant, peut révéler une infection
urinaire à germes banals, une pyurie amicrobienne, une hématurie
microscopique.
- Enfin, en cas de dilatation majeure des cavités rénales
on peut voir survenir une insuffisance rénale.
LES EXAMENS ENDOSCOPIQUES
Ils sont par contre très évocateurs :
- l'urétrocystoscopie montre dans tous les cas un allongement
très important de l'urètre postérieur qui est rigide,
fixé, étiré, avec une surélévation nette
du plancher vésical, à telle enseigne que fréquemment
le cystoscope s'avère trop court pour pénétrer dans
la vessie.
Lorsque l'examen endoscopique de la vessie est possible, celle-ci apparaît
souvent rouge, inflammatoire, avec dans 75 % des cas, des signes de cystites
glandulaire ou kystique. Parfois, il existe des pseudotumeurs inflammatoires.
- La rectoscopie découvre des signes de compression extrinsèque
du rectum et du rectosigmoïde ; il existe parfois une sténose
telle que le passage du rectoscope est impossible. Par contre, la muqueuse
digestive est normale. La présence d'hémorroïdes externes
et internes témoignent de la stase veineuse due à la prolifération
adipeuse périrectale.
LES EXAMENS RADIOLOGIQUES
Ils sont fondamentaux car ils permettent de faire le diagnostic.
1) L'urographie intraveineuse
Elle montre deux ordres de signes :
- des signes directs : la vessie est médiane, surélevée,
déformée en goutte d'eau, piriforme ; ses parois sont ramenées
vers la ligne médiane ; il n'y a pas, en règle, de résidu
postmictionnel. Les uretères pelviens sont refoulés vers la
ligne médiane, parfois sténosés au niveau de leur pénétration
vésicale. L'urètre postérieur est laminé. Lorsque
l'on utilise des rayons mous, on découvre une clarté, périvésicale
avec visualisation de l'ombre du muscle obturateur qui se détache
sur cette clarté.
-des signes indirects : il s'agit essentiellement de la dilatation
urétéro-pyélocalicielle. Les uretères sont plus
ou moins dilatés mais toujours sinueux, témoignant de l'obstacle
pelvien chronique et de la progressivité de la compression.
2) Le lavement baryté
Il est lui aussi caractéristique :
- le rectum est étroit, allongé ; la charnière rectosigmoïdienne
est le plus souvent intéressée par la compression extrinsèque.
L'anse sigmoïdienne est refoulée vers le haut et dilatée.
Les clichés avec rayons mous révèlent là aussi
une hyperclarté pelvienne très caractéristique.
Lorsque les opacifications colorectales et vésicales sont effectuées
en même temps, apparaît un élargissement de l'espace
inter-vésico-rectal qui est comblé par un tissu hyperclair.
AU TOTAL, vessie suspendue, piriforme, uretères pelviens
attirés vers la ligne médiane, uretères lombaires et
cavités rénales dilatés, urètre postérieur
allongé, rectum étiré, laminé, sigmoïde
refoulé vers le haut, espace inter-vésico-rectal élargi,
toutes ces déformations "baignant" dans une atmosphère
hyperclaire. Il existe donc un processus expansif hyperclair entraînant
une compression des organes pelviens.
3) La tomodensitométrie
Cet examen est devenu indispensable pour porter le diagnostic précis
de lipomatose pelvienne :
- l'espace périrectal est occupé par du tissu hypodense,
radiotransparent, régulièrement réparti. Cet engainement
en forme de manchon remonte jusqu'au promontoire. La distance entre la lumière
rectale et les vertèbres sacrées est augmentée,
- le tissu hypodense s'étend en avant vers le bloc vésico-prostatique,
la face postérieure et les faces latérales de la vessie,
- enfin, la densité de ce tissu au scanner est caractéristique,
c'est celle du tissu adipeux.
Les autres examens complémentaires n'apportent aucun élément
diagnostique :
a) L'artériographie
Elle pourrait montrer une hypervascularisation très modérée
des espaces pelviens.
b) La phlébocavographie
Elle est, en règle générale, normale ; cependant,
deux observations de thrombose de la veine cave ont été rapportées.
c) La lymphographie
Elle montre des groupes ganglionnaires normaux mais refoulés vers
l'extérieur.
d) L'échographie pelvienne
Elle révèle l'existence d'une masse plus ou moins échogène
proche du tissu adipeux.
LES CONSTATATIONS OPERATOIRES
Le panicule adipeux pariétal est normal.
A l'ouverture du péritoine, qu'il faut faire près de l'ombilic,
le petit bassin apparaît comblé par du tissu graisseux réparti
autour des organes et s'étendant jusqu'aux parois.
La vessie est refoulée vers le haut, hors du pelvis. Elle remonte
jusqu'à l'ombilic. Sa paroi est épaisse. Le cul-de-sac de
DOUGLAS est totalement comblé par la graisse. Le rectum est
laminé.
La palpation ne permet de découvrir aucune masse tumorale. Le
péritoine viscéral et pariétal est lisse, brillant,
sans hypervascularisation. Lorsqu'on l'ouvre, la graisse apparaît
hypervascularisée, mais de consistance normale.
Les organes abdominaux sont normaux. Le mésentère, en particulier,
ne présente pas de prolifération adipeuse.
L'HISTOLOGIE
La prolifération est constituée de lobules graisseux matures,
avec une hypervascularisation modérée. Il n'existe aucune
cellule maligne.
Il existe, par endroits, des travées fibreuses en petite quantité.
Des cellules inflammatoires sont parfois rencontrées.
Le matériel histologique est obtenu soit par des biopsies peropératoires,
soit par des ponctions percutanées à l'aiguille fine.
LES CARACTERES EVOLUTIFS
DE LA LIPOMATOSE PELVIENNE
CARPENTER, dès 1973, envisage deux modalités évolutives
:
1) L'évolution se complique de phénomènes inflammatoires
Les signes vésicaux récidivent fréquemment ; la
constipation progresse. La fibrose remplacerait progressivement la lipomatose.
Dans ces formes, deux complications surviennent :
- l'occlusion intestinale aiguë nécessitant une dérivation
digestive,
- l'insuffisance rénale par compression entraînant la mort
si l'on ne réalise pas une dérivation urinaire. Cette forme
évolutive serait l'apanage des hommes jeunes.
C'est dans ces formes que certains ont pu envisager la possibilité
d'une dégénérescence maligne du tissu vésical.
JOHNSTON en 1980, a publié la seule observation d'adénocarcinome
vésical survenu chez un patient ayant une lipomatose pelvienne évidente.
Il pense, après cette observation, que la lipomatose pelvienne peut
présenter un potentiel malin, ou, en tout cas, favoriser la dégénérescence
maligne des lésions de cystite glandulaire fréquemment rencontrées
lors de cette affection.
2) A l'opposé, l'évolution reste parfois asymptomatique
La compression extrinsèque du colon ne progresse pas, la dilatation
urétérale est modérée et n'évolue pas,
les signes cliniques sont inexistants. Ces formes de découverte fortuite
seraient l'apanage des hommes âgés (plus de 60 ans).
AU TOTAL :
1) HOMMES JEUNES < 55 ANS
DANGER : 50 % DE DERIVATIONS
2) HOMMES AGES > 55 ANS
PEU DE DANGER : 6 % DE DERIVATIONS
RELATION AVEC LES AUTRES ANOMALIES
DE LA REPARTITION DES GRAISSES
Dans la littérature, on trouve peu d'associations évidentes
avec d'autres maladies héréditaires ou acquises de la répartition
des graisses.
1) Le syndrome de DERCUM
Exceptionnellement, la lipomatose pelvienne a pu s'intégrer dans
un syndrome de DERCUM (4 cas). Il s'agit d'une affection caractérisée
par la présence de masses adipeuses douloureuses disposées
sur le tronc et les membres, par de l'obésité, par des troubles
sensitifs et psychiques ; l'évolution est fatale et d'origine inconnue.
Quelquefois, on découvre des troubles hormonaux (thyroïde et
hypophyse).
2) La dégénérescence graisseuse des lymphatiques
(lymphadénopathie pelvienne hypoplastique)
Il s'agit d'une affection très rare (2 cas en 1975 moins de 10
cas en 1983). Les ganglions lymphatiques sont envahis progressivement par
du tissu graisseux mature, sans aucun signe de malignité.
Au niveau du petit bassin, les ganglions sont volumineux et à
l'origine d'une compression extrinsèque des organes pelviens. Certains
ont pu penser qu'il s'agissait d'une métaplasie graisseuse des ganglions
en réponse à des infections chroniques. Si, localement, les
signes radiographiques font penser à une lipomatose pelvienne, la
dissémination des atteintes ganglionnaires et les images très
anormales à la lymphographie, séparent très nettement
les deux affections.
Si MANNING, en 1975, envisageait une parenté entre la lipomatose
pelvienne et la dégénérescence graisseuse, actuellement
cette parenté est plus que mise en doute.
3) La lipomatose du sinus rénal
Il s'agit de la prolifération d'un tissu adipeux et fibreux dans
le sinus rénal avec peu de phénomènes inflammatoires.
Certes, la symptomatologie et la localisation n'ont rien à voir avec
la lipomatose pelvienne, mais cette prolifération pourrait être
due elle aussi à des phénomènes infectieux répétés.
4) Les autres dégénérescences graisseuses
Les dégénérescences, telle la maladie de WHIPPLE,
ont toutes comme point commun un long passé d'infections répétées.
5) Relation avec la fibrose rétropéritonéale
Certains ont voulu voir une analogie entre la lipomatose pelvienne et
la fibrose rétropéritonéale. Pour WEMEAU et
MAZEMAN, reprenant les idées de FOSS et SMYTH,
l'analogie est évidente et ces auteurs vont jusqu'à affirmer
que la fibrose rétropéritonéale ne serait que l'aboutissement
de la lipomatose.
Certes, ces deux affections ont des points communs :
- évolution parfois semblable tant au niveau urinaire qu'au niveau
digestif,
- présence dans les deux cas de lésions histologiques proches
avec des éléments inflammatoires et des éléments
fibreux.
En réalité, de nombreuses différences existent :
- en cas de lipomatose, jamais aucune étiologie toxique n'a été
retrouvée,
- les localisations sont très différentes,
- les examens vasculaires, dans la fibrose rétropéritonéale,
sont très évocateurs contrairement à ce que l'on peut
voir dans la lipomatose où ils sont, en règle, normaux.
Il semble maintenant acquis que ces deux affections sont bien séparées,
sans aucune relation l'une avec l'autre.
LA PATHOGENIE
La dégénérescence graisseuse ou la métaplasie
graisseuse étant une réponse possible à une infection
chronique, certains ont voulu considérer la lipomatose pelvienne
comme la conséquence d'une agression microbienne, l'intégrant
dans le cadre des métaplasies graisseuses.
Cela dit, si l'on ne peut pas rejeter totalement cette hypothèse,
on ne doit l'envisager qu'avec circonspection. En effet, alors que ce sont
les femmes qui sont le plus souvent sujettes aux infections pelviennes,
seuls, ou presque, les hommes sont atteints par la lipomatose pelvienne.
Pour expliquer cette différence, BRISSET envisage soit une
infection chronique d'origine séminale ou prostatique, soit encore
le rôle prépondérant de l'hormone mâle.
En fait, on ne possède aucune preuve, aucun début d'explication,
mais seulement des hypothèses.
LE DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Dès la découverte de la lipomatose pelvienne, se posa le
problème d'éliminer les autres causes de tumeur ou d'envahissement
du pelvis et l'exploration chirurgicale à visée biopsique
s'avérait indispensable. Actuellement, cette affection étant
assez bien décrite, en particulier grâce au scanner, il est
possible d'en affirmer le diagnostic sans avoir à recourir à
des confirmations histologiques.
Toutefois, un diagnostic différentiel doit être écarté
: le cancer de la prostate dans sa forme "rectale".
Deux tableaux différents peuvent se voir :
- Le cancer est très évolué, il bloque le petit
bassin ; la prostate est noyée dans un tissu dur, irrégulier.
Les troubles mictionnels sont au premier plan.
- Le rectum est laminé, comprimé par l'extension tumorale.
Les examens cliniques et paracliniques simples suffisent à porter
le diagnostic... qui d'ailleurs est souvent connu depuis des années.
Le cancer n'entraîne aucun signe vésical mais par contre
des troubles digestifs (diarrhée, glaires...). Le toucher rectal
est peu significatif, la prostate semble relativement normale. Seule sa
base est irrégulière et semble se prolonger dans une atmosphère
ferme et diffuse. Sur l'urographie intraveineuse la vessie est surélevée.
Sur le lavement baryté, le rectum est laminé, refoulé.
Deux examens sont indispensables :
- les frottis urinaires
- la biopsie prostatique.
D'autres diagnostics sont parfois plus difficiles à écarter
:
- le lymphosarcome malin limité au pelvis
- le liposarcome rétrovésical (3 cas en 1980).
Là encore, l'examen clinique découvre une masse qu'il faut
ponctionner et le scanner élimine une lipomatose pelvienne. En cas
de doute, la laparotomie avec biopsies permet de trancher.
Par contre, il est facile d'éliminer :
- des métastases lymphatiques pelviennes
- des troubles vasculaires tels que les varices pelviennes des thromboses
caves
- un hématome pelvien sous péritonéal.
AU TOTAL, il faut retenir l'intérêt :
- de l'examen clinique
- des biopsies
- du scanner
qui permettent d'éviter la laparotomie exploratrice.
LE TRAITEMENT DE LA LIPOMATOSE PELVIENNE
La pathologie de cette affection est inconnue. Son évolution est
différente selon les malades. C'est assez souligner les difficultés
d'un traitement qui reste controversé.
1) Le traitement médical
Il fait appel essentiellement aux corticoïdes à la dose de
40 à 60 mg/jour de Cortancyl pendant plusieurs mois. Bien sûr,
il faut assurer une surveillance stricte des effets par l'urographie et
les examens biologiques pendant, et surtout après l'arrêt du
traitement.
Ce traitement est parfois remarquablement efficace, essentiellement lorsque
les signes inflammatoires sont au premier plan. Cependant, un certain nombre
de cas récidivent à l'arrêt du traitement.
Les traitements adjuvants : il est essentiel de traiter une infection
urinaire par une antibiothérapie au long cours. Le type de l'antibiotique
ne semble pas fondamental bien que certains préconisent l'emploi
des tétracyclines. La radiothérapie a été tentée
dans de rares cas. Elle semble n'entraîner aucun effet bénéfique.
2) Traitement chirurgical
Le traitement chirurgical, lorsqu'il est indiqué, n'a pas pour
but de retirer la prolifération graisseuse mais de restaurer une
fonction digestive et une fonction rénale, lorsque celles-ci sont
menacées.
La restauration de la fonction digestive :
la prolifération graisseuse pelvienne peut entraîner une compression
rectosigmoïdienne et aboutir à une occlusion ; le seul traitement
envisageable est alors la dérivation des matières par une
colostomie. Cette dérivation est parfois temporaire si le traitement
médical par les corticoïdes entraîne une diminution importante
de la compression pelvienne. Elle est définitive en cas d'échec
du traitement médical.
La restauration de la fonction rénale :
quelquefois, la dilatation urétéro-pyélocalicielle
est telle qu'elle menace gravement la fonction rénale et oblige à
un geste de dérivation en urgence. Ce geste doit permettre d'attendre
les effets éventuels du traitement médical. Il peut s'agir
d'une pyélostomie percutanée ou d'une pyélostomie chirurgicale.
L'urétérostomie cutanée d'emblée est à
proscrire car elle est très invalidante et pratiquement irréversible.
Mais la dilatation n'est, pas toujours immédiatement menaçante
ce qui peut laisser le temps de commencer le traitement médical ;
cependant, si ce dernier ne s'avère pas suffisamment efficace, la
dérivation définitive s'impose.
Trois méthodes ont été utilisées :
- l'urétérostomie cutanée bilatérale mais
on connaît son inconfort et ses risques
- la dérivation cutanée transiléale (Intervention
de BRICKER) dont les risques à long terme sont moindres mais
qui, malgré tout, laisse persister une dérivation externe,
- la réimplantation urétéro-vésicale hors
du petit bassin. Les premières tentatives de réimplantation
urétéro-vésicales directes ont, semble-t-il, été
des échecs à cause de l'épaisseur de la paroi vésicale
; si ce procédé était néanmoins choisi, toute
technique d'implantation avec un système antireflux semble devoir
être évitée. Par contre, l'implantation urétéro-vésicale
par l'intermédiaire d'un conduit iléal semble mieux tolérée
et ne pas entraîner de sténose ultérieure.
EN CONCLUSION
La lipomatose pelvienne reste une affection peu fréquente même
si, actuellement, elle est de diagnostic relativement facile.
Bien que son origine soit totalement inconnue, son traitement semble
bénéficier de façon spectaculaire des corticoïdes.
Malgré cela, la maladie reste grave puisque, dans 50 % des cas, elle
obligera à recourir à une dérivation soit colique,
soit urinaire. Enfin, il semble que la dérivation urinaire définitive
la mieux tolérée soit la réimplantation urétéro-vésicale
transiléale.
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